Diagnostic de la sensibilité au gluten non cœliaque

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  3. Diagnostic de la sensibilité au gluten non cœliaque

Afin d‘établir le diagnostic d’une sensibilité au gluten non cœliaque, il faut dans un premier temps exclure une maladie cœliaque ou une allergie au blé. Dans un deuxième temps, on verra si une alimentation sans gluten apporte une amélioration.

Lorsque, après avoir consommé des aliments contenant du gluten, un patient se plaint de troubles vagues : Troubles, de maux de ventre, de maux tête ou de fatigue, la première chose à faire est d’exclure une maladie cœliaque ou une allergie au blé. Le diagnostic de la sensibilité au gluten non cœliaque sera confirmé par la régression ou la disparition des symptômes dans le cadre d’un régime sans gluten et une nouvelle détérioration aussitôt après une réintroduction du gluten. Les symptômes s’estompent généralement en l’espace de quelques jours ou semaines. Il est essentiel que le patient ait une alimentation contenant du gluten avant d’effectuer le diagnostic.

Anamnèse

Évaluer les symptômes et les signes
Dans un premier temps, il est essentiel de savoir si les symptômes décrits par le patient correspondent bien à ceux de la sensibilité au gluten non cœliaque et s’ils apparaissent bien lors de la consommation d’aliments contenant du gluten. Avant d’effectuer un diagnostic, le patient doit impérativement s’alimenter normalement, c’est-à-dire consommer des produits avec du gluten.

Exclusion de la maladie cœliaque

 

Dosage des anticorps de la maladie cœliaque et biopsie
Les troubles de la sensibilité au gluten non cœliaque ressemblant à ceux de la maladie cœliaque, il est crucial dans un premier temps d’éliminer cette dernière. On effectuera tout d’abord un dosage des anticorps afin d’écarter un déficit en IgA. Une biopsie de l’intestin grêle permet d’exclure définitivement une maladie cœliaque. En cas de sensibilité au gluten non cœliaque, il n’y a pas d’atrophie villositaire, ou pourcentage des lymphocytes intra-épithéliaux LIE légèrement plus élevé (Marsh 0 à 1).

Exclusion de l’allergie au blé

Dosage des anticorps IgE et test cutané allergologique (prick test)
Le tableau clinique d’une allergie au blé peut ressembler à celui observé en cas de sensibilité au gluten non cœliaque. Après avoir écarté la maladie cœliaque, on pratiquera un dosage des anticorps IgE ainsi qu‘un prick test cutané afin de savoir si le patient est allergique au blé.

Signes complémentaires indiquant une sensibilité au gluten non cœliaque

Recherche des anticorps anti-gliadine de type IgG
La présence d’anticorps anti-gliadine de type IgG peut être révélatrice d’une sensibilité au gluten non cœliaque. On retrouve ces anticorps chez les personnes souffrant de la maladie cœliaque ainsi que chez une petite partie de la population saine. En cas de bilan histologique normal et de dosage positif des anticorps anti-gliadine de type IgG, la suspicion de sensibilité au gluten non cœliaque est renforcée.

Alimentation sans gluten

Régression des symptômes
Une fois la maladie cœliaque et l’allergie au blé écartées, le  patient peut adopter une alimentation sans gluten. Si on est bien dans le cas d’une sensibilité au gluten non cœliaque, les symptômes régressent ou disparaissent en l’espace de quelques jours ou quelques semaines. L’alimentation sans gluten doit être prolongée durant au moins six semaines afin de pouvoir établir une corrélation entre l’alimentation sans gluten et les troubles. La régression des symptômes sera aussi évaluée en fonction d’un protocole de diagnostic élaboré lors du International Expert Meeting 2014 visant à une standardisation de la démarche. Celui-ci prévoit que le patient doit présenter avant la mise en place d’une alimentation sans gluten de un à trois des troubles importants caractéristiques et qu’il évalue leur gravité sur une échelle allant de un à dix. Cette évaluation doit avoir lieu avant la mise en place d’un régime sans gluten et être renouvelée ensuite une fois par semaine. Une réaction positive au régime sans gluten doit voir l’un des trois troubles principaux régresser d’au moins 30 % par rapport à la situation initiale. S’il n’y a pas d’aggravation des autres troubles, il doit y avoir au moins une régression de l‘un d’entre eux. Cette régression doit être d’au moins 50 % durant l’espace de temps imparti à l’évaluation, c’est-à-dire se révéler au moins dans trois des six évaluations hebdomadaires.

Nouvelle exposition au gluten

Confirmation du diagnostic
Pour confirmer définitivement le diagnostic d'une sensibilité au gluten non cœliaque, il faut effectuer une nouvelle exposition au gluten comme dans tous les dépistages d’allergies alimentaires. Après une période d’un régime totalement dépourvue en gluten d‘au moins quatre semaines, le patient réintroduit du gluten dans son alimentation. Si les symptômes réapparaissent dans un délai de deux jours, on doit effectuer un test de provocation au gluten en double aveugle (études cliniques) ou en simple aveugle (cas pratiques) après plusieurs jours d’alimentation sans gluten afin de vérifier s’il ne s’agit pas d’un effet placebo. À cette fin on propose des barres de céréales sans gluten (comme placebo) et des barres contenant du gluten, lesquelles ne se différencient ni par l'aspect, la texture ou le goût.

À la première semaine test se succède une semaine de régime strict sans gluten, suivie par une deuxième semaine test. Ce protocole de diagnostic est aussi un outil d’évaluation hebdomadaire des troubles. En cas de modifications d’au moins 30% d’un des troubles identifiés par le patient entre l’introduction du gluten et celle du placebo, on peut dire qu’il s’agit d‘une sensibilité au gluten non cœliaque.

La sensibilité au gluten non cœliaque: protocole de diagnostic

En octobre 2014, à l‘occasion des troisièmes rencontres de l’„International Expert Meeting on Non Celiac Gluten Sensitivity“, un groupe international de scientifiques et de médecins a élaboré sous la direction de Carlo Catassi et de Alessio Fasano le protocole de diagnostic décrit ci-dessus : Protocole de diagnostic. Celui-ci prévoit une démarche diététique unique en deux temps qui met en œuvre une version modifiée de la grille d’évaluation des  symptômes gastro-intestinaux. Grâce à cette nouvelle grille, les patients concernés pourront évaluer les effets de l'introduction d'une alimentation sans gluten et ceux de la réintroduction du gluten sur leurs troubles. Une échelle de 1 à 10 permettra de classer les symptômes non seulement gastro-intestinaux mais aussi extra-intestinaux. Ce questionnaire facilitera l’harmonisation du diagnostic.

Sensibilité au gluten non coeliaque: un diagnostic par étapes